Ils pourront expliquer demain qu’« ils ont essayé mais n’ont pas pu » ou que le « Chef n’en faisait qu’à sa tête ».
Qui sera là pour écouter des repentis et convertis insincères, flagorneurs et trompeurs ? Pourra-t-on se plaindre ou demander de l’aide quand on sera aussi pris au piège ? On réalise tous que c’est chacun pour soi. Ainsi soit-il !
Tous savent que l’ancien Premier ministre, qui souffre en silence et se meurt lentement, refuse d’exhiber sa misère ou de crier sa détresse, pour sauver son honneur et préserver sa dignité éprouvés. On pourra toujours imputer tout cela au destin de l’homme. Mais l’élan de gratitude relève de chacun. Kassory n’est pas parfait, certes, mais il n’a pas le crime chevillé au corps. Il n’y a aucun pouvoir innocent. Dans l’exercice de ses fonctions, nul ne peut être exempt de reproches. Cependant, il faudra lui reconnaître d’avoir essayé de bien faire, de n’avoir pas cherché à nuire pour nuire. S’il n’est pas un ange, il est loin d’être un démon. Tous, nous sommes deux facettes d’une même médaille : ni totalement bons, ni mauvais sur toute la ligne. Une ambivalence que souligne Blaise Pascal : « Qui veut faire l’ange fait la bête ».
La politique apprend la patience et la persévérance. L’État prépare et expose aux pires éventualités : la prison, l’exil, la mort, le bannissement.
Kassory Fofana, chaque fois qu’il a pu, a aidé, secouru, sans se poser de questions et sans rien attendre en retour. Pour peu que la reconnaissance soit encore de ce monde, que la compassion n’ait pas déserté les cœurs, que la foi nous habite encore, l’ancien Premier ministre ne mérite ni l’indifférence ni l’oubli. Dans nos pensées, dans nos prières, il a toute sa place. Il ne doit pas moisir en prison ni y succomber au mal pernicieux qui le ronge.
S’il est vrai qu’on « juge la véritable nature d’une personne à son comportement envers ceux dont elle n’attend rien en retour, car cela révèle ses valeurs fondamentales et son authenticité », posons-nous la question : sommes-nous authentiques et croyons-nous en des valeurs ?
La Guinée, si cruelle envers les meilleurs de ses enfants, ne se le pardonnerait pas. Nous, si égoïstes, insensibles aux souffrances des autres, vindicatifs, animés de rancunes et de rancœurs, ne pourrions jamais nous l’expliquer, encore moins nous justifier.
Toutes ces personnes en souffrance, Kassory Fofana, Amadou Damaro Camara, Dr Mohamed Diané, Dr Ibrahima Kourouma, Aliou Bah, Kabinet Sylla “Bill Gates”, Habib Marwane Camara, et d’autres, qu’ils luttent contre la maladie, soient portés disparus ou déclarés décédés, ont droit à notre sympathie et notre solidarité.
On ne règle pas des comptes avec un homme à terre, ni ne tire de gloire à s’acharner contre une personne accablée et impuissante.
Le malheur doit adoucir les mœurs et les cœurs.
Tibou Kamara
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