Parmi les personnages auxquels la société doit du respect, figurent en bonne place les chefs religieux. C'est même une prescription divine de leur accorder de la considération et du respect. En retour, ils doivent être des guides, des conseillers, des éclaireurs, des références, des recours, des repères pour la société.
Il est regrettable de constater qu'en Guinée, les chefs religieux ont toujours brillé par le silence lorsque des enfants se font tuer par des éléments des forces de défense et de sécurité, lorsque les droits les plus fondamentaux des citoyens sont violés. Mais dès que le pouvoir est un peu secoué, ils entrent en scène pour tenir des discours dits de sensibilisation. Ils ne sont jamais du côté des faibles mais toujours prompts à voler au secours des forts. Quel paradoxe !
Il y a quelques jours, un chef religieux interpellé par un journaliste sur le brouillage des radios et les atteintes à la liberté de la presse, répondait en disant que la presse veut brûler le pays. Est-ce le langage d'un homme de Dieu ? Ceux qui restreignent les droits et libertés des citoyens seraient des saints. Les seuls fautifs seraient les opposants politiques, les médias et toutes les voix qui dénoncent le recul de la démocratie. Les Chefs religieux de ce pays ont toujours tenu le même discours sous tous les régimes. Pourquoi sont-ils si différents de leurs homologues des pays de la sous-région ou d'ailleurs ?
Le rôle d'un chef religieux n'est pas seulement de diriger la prière. Il doit aussi contribuer à la protection des faibles, de la veuve et de l'orphelin. Beaucoup de Guinéens se rappellent les homélies de Mgr Robert Sarah qui pointait du doigt les maux de la société et plaçait tout le monde devant ses responsabilités.
Pendant les périodes de crise, ses prises de parole étaient attendues comme un malade attend un médicament. Il contribuait par ses prises de position à soigner la société.
Il est temps que les chefs religieux- toutes confessions religieuses confondues - sortent de leur positionnement traditionnel pour être des boucliers pour les citoyens. Quelle est cette logique qui consiste à protéger ceux qui ont le pouvoir sous toutes ses formes et à tourner le dos aux citoyens sans défense ?
Sékou Koundouno
Responsable des stratégies
et planification du FNDC